Des politiques culturelles municipales, solution pour un développement durable et équitable des communes
Racines lance une campagne de plaidoyer auprès des candidats aux élections communales et régionales en cours, afin de les interpeler sur le rôle des politiques culturelles municipales en tant que levier de développement durable et équitable des communes. Cette campagne se prolongera après l’annonce des résultats du vote, auprès des nouveaux élus ! Joignez votre voix à la nôtre et signez notre manifeste, en envoyant votre nom, prénom et profession ou secteur d’activité à : [email protected] ! Des politiques culturelles municipales, solution pour un développement durable et équitable des communes. La propreté des rues, c’est une culture. Le respect de l’espace public, c’est une culture. Le vivre ensemble, c’est une culture. Le respect des lois, c’est une culture. La Culture est la réponse pour : …le vivre ensemble, …le développement social, …la transition démocratique, …le civisme, …la connaîssance des droits et devoirs, …la formation du citoyen, Vu la constitution, notamment ses articles 25, 26 et 33 (voir annexes I) Vu la charte communale, notamment ses articles 35, 41 et 42 (voir annexes II) Vu le constat et l’état des lieux de la culture au Maroc (voir annexes III), Racines, ainsi que d’autres acteurs culturels, artistes, professionnels et entrepreneurs culturels, signataires du présent manifeste, se mobilisent et appellent les candidats aux prochaines élections communales, ainsi que les partis politiques à aborder le rôle de la culture dans leurs programmes électoraux, en insistant sur le caractère fondamental de sa contribution au développement durable et équitable, et de s’engager activement dans des politiques culturelles municipales afin de susciter un débat continu sur l’importance du facteur culturel dans le vivre ensemble et l’évaluation et la transition démocratiques. Nous appelons les candidats aux prochaines élections communales, ainsi que leurs partis politiques respectifs à : 1- S’engager personnellement à défendre les valeurs qui exercent un impact direct sur la vie des citoyens et qui sont considérées comme les éléments clés des sociétés démocratiques et durables. Entre autres, les futurs élus communaux doivent œuvrer en faveur de la liberté d’expression, du droit de participer librement à la vie culturelle de la communauté, de l’accès et la participation aux arts ainsi que de leurs bénéfices. Ils doivent également assurer l’égalité entre les sexes, lutter contre tout type de discrimination, donner la priorité à l’intégration et à la cohésion sociale, assurer l’égalité d’accès à l’éducation et aux soins de santé. 2- Prendre les mesures nécessaires à la mise en application des dispositions constitutionnelles et législatives concernant les politiques culturelles locales. 3- Promouvoir la mise en place d’une évaluation de l’impact culturel en amont de l’adoption des politiques dans des domaines tels que l’éducation et l’apprentissage, l’architecture et l’aménagement urbain, les arts et le patrimoine, les droits économiques et civils… 4- Présenter, à travers leurs programmes, une vision, pratique et réalisable, de la place accordée à la culture dans les décisions et les budgets de la commune. 5- Proposer des politiques publiques de développement local par la culture, en concertation avec les acteurs de la société civile et les professionnels. 6- Assurer une bonne gouvernance et une transparence dans la mise en œuvre de ces politiques 7- Etre redevables aux électeurs et aux citoyens quant aux résultats et réalisations de leurs programmes concernant le volet socio-culturel, au niveau budgétaire et au niveau des impacts réels sur les infrastructures et les acteurs concernés. ANNEXES (I) La constitution Vu la Constitution, notamment ses articles 25, 26 et 33 (*) « Article 25 : Sont garanties les libertés de pensée, d’opinion et d’expression sous toutes leurs formes. Sont garanties les libertés de création, de publication et d’exposition en matière littéraire et artistique et de recherche scientifique et technique. » « Article 26 : Les pouvoirs publics apportent, par des moyens appropriés, leur appui au développement de la création culturelle et artistique, et de la recherche scientifique et technique, ainsi qu’à la promotion du sport. Ils favorisent le développement et l’organisation de ces secteurs de manière indépendante et sur des bases démocratiques et professionnelles précises. » « Article 33 : Il incombe aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures appropriées en vue : – d’étendre et généraliser la participation de la jeunesse au développement social, économique, culturel et politique du pays ; – d’aider les jeunes à s’insérer dans la vie active et associative et prêter assistance à ceux en difficulté d’adaptation scolaire, sociale ou professionnelle ; – de faciliter l’accès des jeunes à la culture, à la science, à la technologie, à l’art, au sport et aux loisirs, tout en créant les conditions propices au plein déploiement de leur potentiel créatif et innovant dans tous ces domaines. Il est créé à cet effet un Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative. » (II) La charte communale Vu la charte communale, notamment ses articles 35, 41 et 42 (**) « Article 35 : Le conseil règle par ses délibérations les affaires de la commune. A cet effet, il décide des mesures à prendre pour assurer le développement économique, social et culturel de la commune (…) « Article 41 : 1. Le conseil communal décide ou contribue à la réalisation, l’entretien et la gestion des équipements socio¬culturels et sportifs, notamment : … – les centres sociaux d’accueil, maisons de jeunes, foyers féminins, maisons de bienfaisance, asiles de vieillards, salles des fêtes, parcs et centres de loisirs ; – les complexes culturels, bibliothèques communales, musées, théâtres, conservatoires d’art et de musique, crèches et jardins d’enfants ; – les complexes sportifs, stades et terrains de sport, salles couvertes, gymnases, piscines, vélodromes et hippodromes 2. Il initie toutes actions nécessaires à la promotion des activités sociales, culturelles et sportives ou y participe. A cet effet : – il participe à l’animation socio-culturelle et sportive avec le concours des organismes publics chargés de la culture, de la jeunesse, des sports et de l’action sociale ; – il encourage et assiste les organisations et les associations à caractère social, culturel et sportif. 3. Il entreprend toutes actions de proximité de nature à mobiliser le citoyen, à développer la conscience collective pour l’intérêt public local, à organiser sa participation à l’amélioration du cadre de vie, à la préservation de l’environnement, à la promotion de la solidarité et au développement du mouvement associatif. A ce titre, il a la charge de mener toutes actions de sensibilisation, de communication, d’information, de développement de la participation et du partenariat avec les associations villageoises et toutes organisations ou personnes morales ou physiques agissant dans le champ socio-économique et culturel. 4. Il engage toutes les actions d’assistance, de soutien et de solidarité et toute œuvre à caractère humanitaire et caritatif. A cet effet : – il conclut des partenariats avec les fondations, les organisations non gouvernementales et autres associations à caractère social et humanitaire ; – il contribue à la réalisation des programmes d’aide, de soutien et d’insertion sociale des handicapés et des personnes en difficulté. 5. Il participe à l’exécution des programmes nationaux, régionaux ou locaux de lutte contre l’analphabétisme. 6. Il contribue à la préservation et la promotion des spécificités du patrimoine culturel local. » « Article 42 : Le conseil communal engage toutes actions de coopération, d’association ou de partenariat, de nature à promouvoir le développement économique, social et culturel de la commune, avec l’administration, les autres personnes morales de droit public, les acteurs économiques et sociaux privés et avec toute autre collectivité ou organisation étrangère…» (III) Constat et l’état des lieux de la culture au Maroc Au Maroc, nous disposons d’une importante infrastructure, à titre d’exemple : – Les collectivités locales héritent des années 1980 une large palette de complexes culturels. A titre d’exemple 11 complexes à Casablanca, 6 à Rabat. Hors ces complexes sont très faiblement exploités et de plus en plus dégradés avec d’importants budgets de fonctionnement qui ne laisse place ni à une programmation de qualité, ni à une ligne directrice pour une programmation régulière. – 302 bibliothèques dépendent du ministère de la culture et seulement 6 d’entre elles affichent un nom de responsable, avec ce que cela induit comme faible visibilité sur la qualité de l’animation de ces lieux. Une étude comparative effectuée en 2013 sur le niveau d’engagement des Etats des pays d’Afrique du Nord (Algérie, Egypte, Maroc, Tunisie) dans le secteur culturel et la gestion de quelques aspects du secteur culturel a montré que le Maroc se situe en 3ème position de 2003 à 2012 loin derrière l’Algérie et la Tunisie en termes de part du budget culturel par rapport au budget de l’Etat, avec à peine 0,23% en 2012 contre 0,53% en Algérie et 0,71% en Tunisie. Cette part reste très inférieure au 1% préconisé par l’UNESCO au Maroc. Lors des préparations des « Etats généraux de la culture au Maroc », processus enclenché par Racines, nous avons constaté à travers les rares études et enquêtes menées durant les quatre dernières années sur la culture : – La faible dépense des ménages en art et culture due à l’absence d’un marché de l’art et de la culture. – La faible valorisation du patrimoine et la faible articulation entre celui-ci et la création, ainsi que l’école. – La faible intégration des jeunes par la culture. Les attentes de jeunes dans les politiques des villes, d’infrastructure et d’urbanisme ne sont pas prises en compte. – La fragilité de l’entreprise culturelle. – La faible protection des droits d’auteur. l’Etat a encore du mal à jouer son rôle de régulateur, d’arbitre impartial dans la distribution des droits. – La prééminence de la culture des festivals sans effet politique durable et sans incidence réelle sur les économies créatives et culturelles locales.
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